UNE JOURNÉE AVEC BEATRICE ARDISSON |
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Elle n’est pas seulement la femme de Thierry, elle est « sound designer » et productrice de disques. Elle sort coup sur coup, chez Naïve, deux albums : « Patchwork-La Musique de Christian Lacroix » et « Cloclo Mania ». Elle a 40 ans et trois enfants : Manon (14 ans), Ninon (12 ans) et Gaston (7 ans). quand j’ai eu mes filles. Je n’avais pas envie de reprendre et, de la même façon que je me suis trouvé un style de vie à moi, j’ai dû m’inventer un nouveau métier, je ne voulais pas non plus être juste la femme de... J’ai mis sept ans à trouver ce que je voulais faire. J’écoutais beaucoup de musique ; un jour, Thierry m’a proposé de faire la sélection musicale de l’émission « Paris dernière ». J’ai eu l’idée de n’utiliser que des reprises de chansons un peu décalées, et ça a marché. Depuis, je suis ce qu’on appelle une |
Cela fait douze ans maintenant que je vis dans l’Orne, un des départements de France où il y a le plus de chevaux au mètre carré. J’ai été élevée à la campagne, moi. Au Pays basque. J’aime les chevaux, et je voulais que mes enfants grandissent entourés d’animaux. J’ai quitté Paris en 1991. Thierry et moi, nous habitions alors 93, Faubourg-Saint-Honoré ; Manon, notre première fille, avait 2 ans, et Ninon, à peine 6 mois. Je me souviens : je la nourrissais encore, j’ai allaité tous mes enfants très longtemps... Thierry travaillait tout le temps, et je me disais qu’il n’allait pas pouvoir faire ce qu’il voulait avec des enfants toujours dans les pattes. Si je restais à Paris, notre histoire allait se finir très vite. Partir, inventer un autre mode de vie, c’était la condition de survie de notre couple. La Normandie m’effrayait un peu, mais, en voyant cette maison, j’ai flashé. Elle avait de l’allure, un petit côté italien avec ses balustres, et, dans la sellerie, ça sentait bon le cuir. Il y avait tout à faire, je ne connaissais personne là-bas, mais j’ai trouvé peu à peu la |
« sound designer ». Je m’occupe de sonoriser des émissions de télé, je fais le son pour des soirées, des restaurants comme le Fouquet’s. Des casinos. Et Vuitton vient de me demander de sonoriser ses magasins de Tokyo. J’aime ce boulot, parce que ça change tout le temps. Je travaille à mon rythme, exactement comme je le veux. Et j’ai ma propre structure ; Ardi Song, c’est moi, et moi toute seule. A midi, les enfants reviennent déjeuner et, quand ils repartent, je fais la sieste, ou je traîne en écoutant des CD. Pour choisir de la musique, il faut du temps, et, à la campagne, on en a. Vers 17 h, les enfants reviennent de l’école. Manon vient de passer son brevet blanc. Je suis ultra-fière : elle travaille très bien. Ninon se donne un mal de chien pour être à la hauteur de sa soeur. Quant à Gaston, il a une pression énorme. Lui, il vient de découvrir les voitures. Il est comme son père : il aime la télé et... les vieilles bagnoles. Nous dînons extrêmement tôt. A 18 h 30 ou 19 h, comme les Anglais. Les filles lisent. Je couche Gaston. Après, j’écoute encore de la musique. Et je lis au lit. Je ne regarde jamais la télé. J’appelle Thierry une dernière fois - « Je crois que je vais faire dodo. » Il a toujours besoin que je lui parle. Ce qui se passe pour lui, son succès, sa célébrité, il en est très fier, mais c’est aussi très angoissant. Je suis d’une nature très gaie, moi, il me dit toujours que c’est ma grande qualité, qu’il a besoin de ma gaieté. Je ne voudrais pas donner de recette, mais vivre comme ça, de manière aussi |
J'ai toujours adoré les talons aiguilles. Et j'ai une collection de chaussures à semelle rouge de chez Christian Louboutin. |
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Nos enfants sont très beaux. |
vie qui me convenait. Aujourd’hui, je passe tout le début de la semaine avec les enfants à la campagne, pendant que Thierry, lui, travaille à Paris. Je le rejoins le jeudi et le vendredi, en |
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laissant mes enfants à mes parents qui sont venus vivre à côté de chez nous. Et, le week-end, nous nous retrouvons tous dans l’Orne. Chaque semaine, c’est comme ça, et je crois que cela nous va bien. Nous avons des poneys, trois chevaux de selle, des canards, des oies, des moutons, des chiens, des chats, des poules. Et nous mangeons tous les jours des oeufs frais, si frais même que je ne peux plus avaler d’oeufs à la coque ailleurs que chez moi. Le matin, je me lève toujours tôt, parfois même à 5 ou 6 h : j’ai la chance de pouvoir dormir peu. Je bois mon café. J’accompagne les enfants à l’école. Je reviens et je me mets au travail. Avant de connaître Thierry, j’étais styliste chez Kenzo, j’ai arrêté |
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indépendante, aussi séparée, je crois que cela permet de faire plus attention à l’autre, de ne jamais se lasser. Cela dit, ce serait impossible si nous ne savions pas tout le temps ce que fait l’autre et où il est. Nous sommes sans cesse en train de nous quitter, de nous retrouver, de nous téléphoner, de nous envoyer des textos. Tiens, tout à l’heure, j’avais encore un message de lui. Sur l’écran de mon portable, simplement un dessin : un coeur. Juste un petit coeur. _A PARIS, JE SUIS UNE VRAIE COUCHE TARD. LE LIEU QUE JE PREFERE ? LE MATHIS BAR, 3, RUE DE PONTHIEU, PRÈS DES CHAMPS ÉLYSÉES. UN BAR DONT J'AI CRÉÉ L'AMBIANCE MUSICALE. |
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Propos recueillis par Antoine Silber |
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ELLE 15 DÉCEMBRE 2003 |
photo Francesca Mantovani
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