JEAN-MICHEL CLAJOT/REPORTERS

           

Daniel Hélin

  • 30 ans

  • Diplômé du Conservatoire de Liège, section Art dramatique.

  • Comédien puis chanteur, il décroche

le Premier Prix et le Prix du Public à la Biennale de la chanson française en 1998.

  • Auteur de deux albums : « Borlon »et le récent « Les Bulles » (Bang !).

(suite de la page 52)

B.A. : (Rires). J’adore ! C’est vachement malin. Je n’aurais jamais pensé à faire ça ! Mais si je le fais, mon mari me tue (rires) !
D.H. : Il y a des trucs qui faut absolument faire dans sa vie.
B.A. : J’aime bien les gens fous. J’ai toujours préféré les barjots. En fait, j’ai passé ma vie à essayer de croiser des gens un peu cinglés...
D.H. : Moi, je viens d’un milieu populo et je pense que l’éclectisme vient du fait que je n’étais pas sur une autoroute du genre « processus scolaire » : étudier ça, puis ça, puis ça... Il faut casser les codes !
B.A. : Il faut s’inventer sa propre vie. C’est difficile à faire, mais c’est très important. Selon le milieu d’où vous venez, on vous dicte ce que vous devez faire. Il faut réussir à sortir de ça.
D.H. : D’autant plus qu’il n’y a pas de mode d’emploi ! A un moment donné, je m’étais même dit : « Je vais m’acheter un gros cheval et je vais faire mes tournées en roulotte. »
B.A. : Le côté saltimbanque !
D.H. : Vous savez d’où vient ce mot ? De l’italien « saltimbanco » : qui saute sur un banc. Donc, c’est le gars qui est dans un restaurant et qui monte sur une table pour faire son truc. Mais moi, mon problème, c’est que je chante faux.
B.A. : Ce n’est pas grave, ça ! Cela peut être un style (rires) !
D.H. : Cela fait partie de mon territoire. Mais tout est relatif. La justesse, c’est plus dans l’intention.
B.A. : Chez les plus grands interprètes, il n’y a pas que des gens qui chantent juste.
D.H. : Non, c’est rare. Mais mon vrai                                                                   

territoire de chasse, c’est plus les concerts que les disques. Ma force, c’est la scène. C’est là que je trouve une folie dans l’instant qui me permet de dévier carrément de mes structures musicales. J’aime bien improviser avec les gens qui sont là. Et il n’est pas rare que je parte dans des délires. Je joue vraiment avec l’instant. Je suis très instinctif. Et je pense vraiment que la véritable force que nous, artistes, pouvons avoir, c’est avec le public.
B.A. : Je n’ai pu le constater qu’une seule fois quand je me suis retrouvée, à 38 ans, mère de famille, en train de passer des disques dans une boîte branchée, à l’Elysée Montmartre. C’était très rigolo et j’ai vu les gens réagir en direct. Je n’avais jamais vécu cela. Il y avait 1 000 personnes devant moi (rires) ! Elles dansaient, elles sautaient, j’étais ravie ! Parce que je suis timide en fait et c’est une bonne thérapie.
D.H. : Moi aussi je suis timide. Je fais souvent le malin mais je suis hypra-timide.
B.A. : Je me suis cachée pendant très longtemps dans l’ombre de mon mari. Mais ce n’était pas dur. C’était plutôt agréable car c’est dans ma nature : j’étais ravie d’être protégée. Mais je ne me rendais pas compte de l’effet que pouvait avoir une performance devant les gens. C’est vraiment épanouissant.
D.H. : J’aime bien la scène, mais en fait, je suis un homme des bois.
B.A. : Vous êtes un ours ! J’aime bien définir les gens par race animale. A la maison, il y a trois ours et deux chats. Thierry et moi, on adore chercher l’animal chez les gens. Mon père, c’est un castor. Ma mère, c’est un lapin. Et vous, vous êtes                                                                   

un ours. Cela se voit tout de suite.
D.H. : J’adore ça ! Alors, je dirais que mon batteur, c’est un loir. Et ma p’tite dame, c’est une souris. De toute façon, j’adore les bêtes.
B.A. : C’est quelque chose de très important pour moi. Je me méfie beaucoup des gens qui n’aiment pas les animaux.
D.H. : D’ailleurs, j’ai des souris chez moi. Le problème, c’est qu’elles sont un peu trop nombreuses et j’ai donc trouvé un piège bio pour résoudre le problème. Vous connaissez le piège bio ?
B.A. : Non !
D.H. : C’est une boîte avec avec une grille où l’on place un morceau de fromage. Lorsque la souris le mange, la cage se ferme sans faire de mal à l'animal. Alors, à ce moment-là, je mets la petite cage sur mon vélo et je vais déposer la souris à la gare pour qu'elle prenne le train.
B.A. : (Rires.) Thierry m’avait prévenu : les Belges sont complètement barges ! Cela dit, je trouve que ça a l’air assez cool ici...
D.H. : C’est un pays où il fait bon vivre.
B.A. : On ne sent pas de tension. Mais il y a une espèce de folie aussi...
D.H. : L’autodérision ! On est le seul peuple avec les juifs et les Anglais à se foutre constamment de notre propre gueule.
B.A. : Ce n’est pas mal !
D.H. : C’est notre force.
B.A. : Mais le pays est plat. Cela rend les gens un peu barges, non ?
D.H. : J’ai fait une chanson sur la Belgique qui s’appelle « Carte postale ». Ecoutez-la, vous verrez...
B.A. : D’accord. Je l’écouterai.

Propos recueillis
par Frédéric Brébant

54    Weekend Le Vif/L'Express du 12 avril 2002

   

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