Télé Star magazine                                       Le 07/10/2000

Il affirme avoir recommencé la télé pour ses enfants

Thierry Ardisson "Je ne veux
pas être un père ringard"

Animateur très demandé ("Tout le monde en parle", "Rive droite, rive gauche") et producteur hyperactif ("On a tout essayé", "Graines de star", "Amour etc.", "Paris dernière"), Thierry Ardisson nous fait une place dans son agenda surchargé.

 

TÉLÉ STAR : Vous êtes atteint de boulimie de travail?
THIERRY ARDISSON : Je ne fais pas tout cela pour payer mes impôts ou entretenir quatre maîtresses, mais parce que j'ai le sentiment de pouvoir convaincre        

les gens auxquels je propose des idées d'émissions. Donc, j'en profite. Ce n'est pas de la boulimie. Certes, c'est du travail parce que j'y passe du temps mais c'est une passion, un plaisir, donc je n'ai aucune raison de m'en priver. Il se trouve qu'après quinze ans de télé mes idées commencent à être reconnues par les professionnels. Les gens se disent : «Tiens, finalement, il a un certain talent.»

sociétés de production parisienne. On constate que les bénéfices d'Ardisson & Lumière sont bien modestes. Moi, je ne fais plus rien par appât du gain. L'idée d'amasser de l'argent, ça m'a passé, parce qu'à 50 ans on se rend compte que de toute façon il ne reste que trente ans pour le dépenser. Je travaille tout simplement pour voir se réaliser mes idées sur l'écran ou sur le papier. Et comme j'ai beaucoup d'idées, je bosse beaucoup.

   

Et l'argent dans tout ça ?

Les chiffres parlent contre moi le magazine «Capital» vient de publier les bénéfices des

Vous arrivez à profiter de la vie en dépit de cette débauche d'énergie ?
Profiter de la vie, pour moi, ce n'est pas obligatoirement aller tous les soirs en boîte, au restaurant, ou se faire dorer la pilule sur un yacht à Saint-Trop' au mois d'août. Je ne suis pas jouisseur. Je profite de la vie, mais à ma façon.
C'est-à-dire ?
Par exemple, je viens de passer un week-end tout seul à Paris, et j'ai été très heureux. Il faisait beau, mais je ne suis pas sorti. Ça peut paraître un brin bizarre de rester à Paris lorsqu'on a une propriété en Normandie, et de rester seul chez soi enfermé alors qu'il fait beau, mais j'ai vraiment a eu le sentiment d'avoir bien profité de la vie en restant seul chez moi à lire, à réfléchir, à penser.

     

Comment faites-vous pour tout faire?
D'abord, je ne fais pas tout tout  seul, ensuite, je suis très organisé, et enfin je ne fais que ça. Avec moi, il  n'y a pas de différence entre vie   privée et vie professionnelle.

Vous vivez à Paris, assez souvent éloigné de votre femme   et de vos trois enfants qui   habitent en Normandie.

Comment assumez-vous votre  rôle de père ?

Pour moi, le premier devoir d'un père n'est pas de faire   réciter une table de      

 

 

 

       

PHOTO POP'S/SIPA PRESS


 

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multiplication ou de donner le bain, mais d'assurer la stabilité de son foyer par l'apport d'un confort matériel, spirituel, affectif et moral indispensable à une éducation digne de ce nom. J'ai fait des enfants parce que je trouvais pire de ne pas en avoir que d'en avoir. Parfois je leur dis que je n'en voulais pas forcément, mais que c'est un grand bonheur qu'ils soient là. D'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles j'ai recommencé la télé, il y a trois ans : je ne voulais pas qu'ils aient pour père un has been, un mec qui avait été vedette avant même qu'ils ne soient nés.
Héroïne, tentative de suicide, expériences homosexuelles... vous ne cachez rien de vos errances passées. Pourquoi tout dire ?
Je demande moi-même à mes invités d'être transparents. Il me paraît normal qu'à partir du moment où je pose ce type de questions aux gens que je reçois le samedi soir à la télé

Après sa petite famille (Ninon, Béatrice, Gaston et Manon), les vieilles voitures sont sa deuxième passion.
Thierry en possède plusieurs modèles rares. Seul lui manque... le permis de conduire !

je ne les élude pas le lundi matin en interview. Cela, bien entendu, sans porter de jugement moral ou faire preuve d'exhibitionnisme.
Vous avez avoué avoir renié la classe moyenne dont vous êtes issu. Est-ce – entre autres - pour cela que vous avez épousé Béatrice, qui est d'origine aristocratique ?

Pas du tout ! J'ai acquis une certaine reconnaissance sociale grâce à mon travail. J'aurais épousé Béatrice même si ses parents étaient magasiniers. Cela n'a rien à voir ! Ma femme a su m'apprendre à vivre grâce à sa philosophie et à son sourire...

Moi qui étais un homme casanier et taciturne, elle m'a changé. Nous sommes toujours très amoureux l'un de l'autre. On s'appelle toute la journée. Maintenant, il est vrai que j'adore sa famille. (Rires.)
Des émissions que vous animez, laquelle préférez-vous ?
J'adore «Rive droite, rive gauche», j'adore cette idée de faire de la télévision utile et d'inciter le public à lire de nouveaux écrivains ou à écouter de nouveaux chanteurs, mais je suis ravi d'aller faire le con le samedi soir sur «Tout le monde en parle» avec mon ami Bigard ou mon Baffie. Bref, je préfère                             

 les deux : elles se complètent.
Qu'est-ce qui vous singularise d'Arthur, de Dechavanne ou de Drucker ?
Il y a selon moi deux types d'animateurs : ceux pour qui la télé était un rêve de gosse, et ceux qui, comme Polac, Field ou Durand, n'avaient pas de vocation particulière ou déclarée pour être «une icône ménagère» selon les termes de PPDA. J'appartiens davantage à cette race.
Entre la célébrité et la postérité, que choisissez-vous ?
Je ne pense pas que l'on choisisse... Et je crois que pour moi, malheureusement, ce sera la                                                                                                 

célébrité, mais ma vie n'est pas finie et j'espère qu'avant de mourir j'écrirai quelques livres qui m'assureront un brin de postérité.

PROPOS RECUEILLIS PAR
NADIA LE BRUN

Pas de « Bouillon » pour Ardisson

 Initialement candidat à la succession de Bernard Pivot, Thierry Ardisson a refusé de remplacer le présentateur de «Bouillon de culture» quand ce dernier a officiellement annoncé son départ en juin 2001. Ses raisons ? «J'ai signé un contrat de deux ans avec Paris Première pour animer "Rivé droite, rive gauche" lors des deux prochaines saisons... En plus, je m'éclate en 'Tout le monde en parle", qui est diffusé sur Franc 2, comme "Bouillon de culture". Je ne me vois pas être sur les deux plateaux...

 

PHOTOS A. BAUMANN/SIPA PRESS – E. GREGOIRE/MPA – FRANCE 2